photo Ascaso Durruti et Jover en 1927

Francisco Ascaso, Buenaventura Durruti et Gregorio Jover
Le 14 juillet 1927, dans les locaux du Libertaire (après leur libération)

Ephéméride Anarchiste 

22 mars

 

gregorio Jover

Gregorio Jover en 1927

Le 22 mars 1964, mort de Gregorio JOVER CORTES, à Mexico.
Militant anarchiste en anarcho-syndicaliste, activiste et combattant antifranquiste.
Il est né le 25 octobre 1891 (1892?), à Teruel. A Valence, il apprend le métier de matelassier et commence à militer aux Jeunesses Socialistes. A vingt ans, après avoir accompli son service militaire, il se fixe à Barcelone, adhère au syndicat des travailleurs du bois de la CNT et participe aux groupes de défense anarchistes. Activisme qui l'oblige aux débuts des années vingt à fuir quelque temps à Barcelone. Il séjourne à Valence avant de revenir à Barcelone où il est nommé délégué du syndicat du bois au Comité régional Catalan. Membre du groupe d'action "Los Valencianos", il rejoint ensuite le groupe "Los Solidarios" avec lequel il prend part à de nombreuses actions, aux côtés de Juan García Oliver. Le 12 août 1923, à Manresa, il participe au Congrès Régional de la CNT, mais il y refuse le poste de secrétaire. Le Coup d'Etat de Primo de Rivera qui se produit à ce moment-là va plonger l'Espagne dans la dictature militaire. Le 24 mars 1924, arrêté lors d'une rafle policière, il parvient à s'échapper en sautant d'une fenêtre du commissariat et à rejoindre la France. En juillet 1924, à Paris, il est délégué du Comité Révolutionnaire et participe au complot de novembre 1924, à Vera de Bidasoa. En 1925 (avec Alexandro Ascaso et García Vivancos), il rejoint Durruti et Franscico Ascaso au Mexique et va participer avec eux "Los Errantes" aux expéditions "expropriatrices" à travers Américaine Latine, Mexique, Chili, Argentine et Uruguay. Revenu clandestinement en France en avril 1926, il participe en juin avec Durruti et Ascaso à la tentative d’attentat contre le roi d'Espagne Alphonse XIII. Il est arrêté avec Ascaco et Durruti mais, contrairement à ces derniers, il est remis en liberté un mois plus tard. Il part dans le Sud de la France, à Béziers, où il travaille comme ébéniste. Il sera par la suite expulsé en Belgique.
Il retourne en Espagne (sous un faux nom) avant même la proclamation de la République. Il va ensuite présider la Maison du Peuple de Santa Coloma de Gramenet. Après le Plénum Régional de la CNT tenu à Madrid le 23 avril 1931, il intègre le Comité de Défense Régional de la Catalogne avec F. Ascaso, B. Durruti, A. Fernandez, J. Garcia Oliver et R. Sanz.
A partir de novembre 1932, il devient membre du comité du Syndicat du métal de Barcelone. Partisan de la "gymnastique révolutionnaire" prônée par Garcia Oliver, il va participer aux diverses insurrections libertaires de l’époque, ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison, pour "séditions et détentions illégales d'armes" en particulier après l’insurrection de janvier 1933. Il fera encore partie du Comité révolutionnaire lors de la révolte de décembre 1933. En 1935, il intègre le Comité Régional Catalan de la CNT.
Il est également membre du groupe d’action "Nosotros" qui se réunit dans son logement à Barcelone.
En juillet 1936, membre du Comité de défense de Barcelone, il participe aux combats de rue, puis abandonne ses charges de président du syndicat du textile pour diriger, avec M. Garcia Vivancos, la "Colonne Los Aguiluchos" qui part sur le Front d'Aragon en août. Après le décret de militarisation, il sera nommé colonel de la 28è Division (qui combattra en Aragon, à Teruel, au Levant, en Estrémadure et au Centre) puis du Xè Corps de l’Armée de l’Est.
Après être passé en France lors de la Retirada, il est arrêté le 10 février 1939 et, sous prétexte d’avoir déjà été expulsé de France, il est interné durant 41 jours à la prison de Perpignan. Le 18 octobre 1939, il était à nouveau interné, au Camp de Saint-Cyprien. Il parviendra à s’embarquer pour Saint-Domingue d'où il rejoindra le Mexique. Il est ensuite lié à l'aventurisme de Juan García Oliver, à sa création du "Partido Obrero del Trabajo "(POT) et à la collaboration de la CNT (en exil) au Gouvernement républicain en exil. Au début des années 1950, il se rapprochera même du Parti communiste espagnol, participant au groupe "Unidad" (exclu de la CNT). Toutefois, il semblerait qu’à la fin de sa vie, il ait renoué avec ses idéaux anarcho-syndicalistes.

 



Eugen RELGIS

Le 22 mars 1987, mort d'Eugen RELGIS (de son vrai nom Eugen SIEGLER WATCHEL), à Montevideo (Uruguay).
Militant et théoricien pacifiste et libertaire, écrivain et poète.
Il est né le 2 mars 1895 à Iassy, dans la Moldavie, en Roumanie. Passionné de poésie, il publie, à partir de 1912, de nombreux recueils "Folie","Le Triomphe de ne pas Etre". En 1914, à Bucarest, il entreprend des études universitaires d'architecture, puis en 1916 dans la Faculté des lettres et de philosophie. Etudes qui devra interrompre avec l'entrée en guerre de la Roumanie. Marqué par le premier conflit mondial, il devient un ardent militant pacifiste. Il écrit plusieurs études sociales "La Biologie de la guerre", "Les principes humanitaristes" publiés en 1921, qui seront traduits dans de nombreuses langues. En 1920, il fonde la revue "Umanitatea" (l'Humanité) qui sera interdite par la censure. En 1922, ce polyglotte est nommé directeur de la Bibliothèque de la Société culturelle "Libertatea"(Liberté) où il rencontrera l'anarchiste Panait Mosoiu. En 1923, il crée le "premier groupe humanitariste" auquel adhèrera Han Ryner (qu'il rencontrera à Paris en septembre 1930). En 1925, il est membre de l'Internationale des Résistants à la Guerre "War Resisters International". Il participe à la conférence pacifiste d'Hodeston (Londres), puis à celle de Sonntagsberg (Autriche) en juillet 1928.
Persécuté par le régime fasciste puis par le communisme, il quitte clandestinement la Roumanie en 1947 pour l'Argentine (où son fils s'était réfugié en 1942), mais c'est en Uruguay qu'il trouvera finalement refuge avec sa compagne Ana Taubes. A Montevideo, il recommence à publier ses ouvrages en castillan, grâce en particulier aux traductions de Vladimiro Muñoz, il collabore également à la presse uruguayenne et donne des conférences. Il fait partie d'un groupe avec Abraham Guillen, Gerard Gatti et d'autres, chargé de la préservation d'archives libertaires envoyées d'Europe, mais la police découvre l'endroit, donne l'assaut au local et vole tout ce qui s'y trouve. Eugen Relgis parvient pourtant, après maintes difficultés, à échapper à la police. En 1953 il voyage au Brésil et rencontre, à Rio de Janeiro, l'anarchiste José Oiticica dans le but de faire traduire ses oeuvres en portugais; elles sont pour la plupart méconnues en France, certains textes ont été publiés dans les années 30 par"la Brochure mensuelle" les éditions de "l'en dehors" ou encore par la Bibliothèque de l'Artistocratie de Lacaze-Duthiers ). En 1955, il sera proposé pour le Prix Nobel de la Paix, mais le prix ne fut pas décerné cette année-là. En 1962, il séjourna avec sa compagne quatre mois en Israël, avant de passer par la Suisse, l'Italie et l'Argentine.
Il est l'auteur de très nombreux ouvrages brochures et livres, presque une cinquantaine rien que dans sa période roumaine.
"Toutes les institutions sociales, depuis l'école jusqu'à l'église, depuis le Parlement jusqu'à l'Académie sont prises dans le filet de la politique - et subordonnées à ceux qui ont intérêt à perpétuer l'esclavage et l'ignorance".
in : L'Internationale Pacifiste (1929).

 

médaille de Léoni à l'effigie de Bakounine

Médaille réalisée en 1968 par Mathias Léoni à l'effigie de Michel Bakounine (coll. particulière.)

Le 22 mars 1896, naissance de Mattia (Mathias) LEONI au Vénézuela.
Sculpteur de médailles, mosaïste et peintre anarchiste italien.
Comme son frère Leonida (né le 17 janvier 1899 à Seravezza, Toscane), Mathias adhère trés jeune au mouvement anarchiste à Carrare. Il sortira diplômé de l’école des Beaux-arts de cette même ville. En 1915, il est condamné à 25 jours de prison et une amende pour avoir lancé des projectiles sur la police lors d’une manifestation contre la guerre. Refusant la mobilisation avec son frère et d’autres insoumis de la région, il se cache dans un petit village de montagne de la région. Mais le 20 novembre 1917, ils sont découvert par les carabiniers. Alors que son frère Leonida parvient à s’enfuir en tirant des coups de feu sur les carabiniers, Mathias est arrêté et emprisonné.
Les deux frères vont militer au sein du groupe "Germinal" de Carrare de 1913 à 1922 participant aux principales activités politiques et syndicales du mouvement anarchiste. En 1923, les deux frères fuyant le fascisme italien s'exilent à Paris, où Mathias exercera son métier de sculpteur médailler et de mosaïste à la "Ruche des Artistes", où naitra son fils Lénoard Léoni, qui deviendra lui aussi mosaïste.
A la fin des années 1960, Mathias Léoni met son petit atelier d’artiste situé dans une cour au 3 rue Vercingétorix (Paris 14e) à la disposition du groupe Albert Camus de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA). C’est dans ce local que se réunissait en 1968-69 le Collectif national de l’ORA dont faisaient alors partie Guy Malouvier, Michel Cavallier, Richard Pérez et Maurice Fayolle.
Mathias Léoni sera le graveur et fondeur de diverses médailles en bronze à l’effigie de célèbres anarchistes : Louise Michel, Michel Bakounine, Jules Vallès, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti (voir ci-dessous) ou encore Nestor Makhno. Il meurt au début des années quatre-vingt à l'âge de quatre-vingt cinq ans, et est enterré enveloppé dans les plis du drapeau noir.

 

médaille Sacco Vanzetti de Leoni

 


 

 

 

Le 22 mars 1812, naissance de Stephen Pearl ANDREWS

 

 

fil chouette

 

journal "Rompete le file"

En-tête du numéro d'essai de février 1907

En mars 1907, à Milan (Italie), sortie clandestine du premier numéro du journal "Rompete le file" (Rompez-les-rangs). Organe bimensuel des antimilitaristes, créé par Maria Rygier et Filippo Corridoni. Ce dernier est arrêté et condamné à 4 ans de détention, mais il bénéficie d'une amnistie et est remis en liberté après avoir purgé quelques mois de prison. Maria Rygier subit également le même sort. Jugée en février 1908, elle doit répondre à 22 articles incriminés, publiés par le journal. Le journal est alors suspendu, il réapparaît à Milan, le 29 août 1909 (au moins 5 numéros parus). Il est ensuite publié à Bologne en mai 1910, à l'initiative de Aldino Felicani qui mènera une intense campagne en faveur de Maria Rygier et de Augusto Masetti. Après une nouvelle interruption, le journal reprend sa publication à Gênes en mai 1912. Poursuivi par les autorités, il est finalement réduit au silence, le dernier numéro paraît le 14 septembre 1913. Pour éviter d'être arrêté, Felicani s'enfuit en Amérique.
Epigraphe : "Nostra patria il monde intero" (Notre patrie le monde entier).

 

 

 

 

Procés Marius Jacob à Amiens

Une des audiences du procès d'Alexandre Marius Jacob
et de sa bande de "Travailleurs de la nuit' ou "Académie des cambrioleurs".

Le 22 mars 1905, au Palais de Justice d'Amiens, se clôt le procès d'Alexandre Marius JACOB, cambrioleur anarchiste, et de sa bande "Les travailleurs de la nuit" qui auront à leur actif 150 cambriolages. Marius Jacob et Félix Bour sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité. 14 personnes écopent de 5 à 20 années de réclusion et 7 sont acquittés.
"Pourquoi j'ai cambriolé""(...) Moi aussi je voudrais vivre dans une société où le vol serait banni. Je n'approuve et n'ai usé du vol que comme moyen de révolte propre à combattre le plus inique de tous les vols : la propriété individuelle. Pour détruire un effet, il faut au préalable en détruire la cause. S'il y a vol, ce n'est que parce qu'il y a abondance d'une part et disette de l'autre ; que parce que tout n'appartient qu'à quelques uns. La lutte ne disparaîtra que lorsque les hommes mettront en commun leurs joies et leurs peines, leurs travaux et leurs richesses ; que lorsque tout appartiendra à tous. Anarchiste révolutionnaire j'ai fait ma révolution, vienne l'anarchie".
Ainsi se termine la déclaration faite par Jacob à son procès.

 

 

fil chouette

 

journal La Rivendicazione Sociale

En-tête du numéro

En mars 1964, à Turin (Italie) sortie du numéro unique du journal "La Rivendicazione Sociale" (La Revendication Sociale). Le directeur de cette publication est Ilario Margarita.
Epigraphe d'Eugenio Chiesa : "Noi abbiamo soprattutto fiducia nella forza delle idee, nelle forze popolari, che debbono ridestarsi per la redenzione di tutti gli oppressi". (Nous avons surtout confiance dans la force de l'idée, dans les forces populaires, elle doivent se réveiller pour la libération de tous les opprimés).
A noter que deux autres numéros portant ce même titre sont sortis l'année précédente.

 

 

 fil yeux

 

 22 mars

La Faculté de Nanterre occupée

Le 22 mars 1968, à la cité Universitaire de Nanterre (région parisienne), le mouvement contestataire étudiant qui va prendre le nom de "mouvement du 22 mars", occupe les locaux de l'Université. Il est l'aboutissement d'une contestation grandissante emmenée par des groupes d'extrême-gauche, des anarchistes et des situationnistes. Né d'abord de revendications solidaires, comme la libération des manifestants arrêtés lors des actions contre la guerre du Vietnam, il déborde rapidement sur des questions de société comme la remise en cause du puritanisme social (avec la revendication du droit d'accéder à la résidence universitaire des filles).
Rapidement ce mouvement conduit par Daniel COHN-BENDIT (qui se réclame alors de l'anarchie) va passer de la critique de l'Université à la critique de la société et de l'autoritarisme. Il sera le ferment révolutionnaire du mai 68 français (voir 2 mai et la suite des évènements).