Ephéméride Anarchiste

11 novembre

Alors que les autorités françaises entretiennent (non sans nostalgie), le souvenir des barbaries guerrières, nous, anarchistes, avons une pensée pour nos compagnons de Chicago pendus sur l'autel du capitalisme.

La pendaison des anarchistes de Chicago

Le 11 novembre 1887, à Chicago, à 11h 30 dans la cour de la prison, exécution par pendaison des anarchistes August Spies, Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel (condamnés à mort le 20 août 1886 après la tragédie de Haymaket).
Louis Lingg s'est, quant à lui, suicidé la veille dans sa cellule.
Samuel Fielden et Michael Schwab sont envoyés au bagne à perpétuité et Oscar Neebe est en prison pour quinze ans.
Principaux leaders du mouvement anarchiste et syndicaliste américain, ils sont les victimes innocentes de la répression dirigée par le patronnat qui voulait briser le mouvement revendicatif que les anarchistes avaient fait naître le 1er mai 1886 autour de la revendication pour la journée des 8 heures.
Le 3 mai 1886, la police et les milices patronales tuèrent deux ouvriers grévistes, aux usines McCormick. Le 4 mai lors d'un meeting de protestation à Haymarket, une bombe est jetée sur la police qui chargeait la foule, un massacre s'ensuivit. Acte d'un exalté ou d'un provocateur de la police ou du patronnat, le véritable auteur reste innconu.
Ces tragiques événements sont à l'origine du 1er mai, journée de lutte internationale.
Un immense cortège suivit les funérailles de ces militants, le 13 novembre.
Le 25 juin 1893, un gouverneur de l'Illinois, John Altgeld, démontrera l'innocence des accusés. Les morts seront alors réabilités et Samuel Fielden, Michael Schwab et Oscar Neebe seront remis en liberté après sept ans de bagne.

Adolph Fischer

Le 11 novembre 1887, exécution d'Adolph FISCHER à Chicago.
Militant et propagandiste anarchiste américain, un des martyrs d'Haymarket.
Il naît à Brême, Allemagne, en 1858. A 15 ans, il émigre aux Etats-Unis où il apprend le métier de typographe à Little Rock, puis à Saint-Louis. Il découvre très tôt les idées socialistes dont les écrits de Proudhon et milite dans le syndicat des typographes. Après Nashville, puis Cincinnati (où il adhère au Parti socialiste ouvrier) il se fixe ensuite à Chicago en 1883, et travaille comme chef typographe au journal "Arbeiter Zeitung". Il milite alors au groupe du Nord-ouest de l'IWPA (International Working People's Association). Co-éditeur avec George Engel du journal "Der Anarchist" publié à partir de janvier 1886, Fischer est aussi un orateur de talent, réputé pour sa douceur et sa détermination.
Après la grève du 1er mai 1886, des affrontements se produisent le 3 mai aux usines McCormik, deux ouvriers sont tués par la police. En réponse à ce massacre, il fait imprimer des affiches invitant le 4 mai à un meeting de protestations à Haymarket. L'affiche se termine par un appel aux travailleurs à venir armé (mais August Spies qui doit prendre la parole au meeting lui demande de retirer cette dernière phrase).
Il a déjà quitté le rassemblement lorsque explose la bombe et que la fusillade commence. Arrêté le lendemain avec ses compagnons de lutte, il est condamné à mort avec eux le 20 août 1886, et pendu ce 11 novembre.

Le 11 novembre 1761, naissance de Filippo BUONARROTI.

Le 11 novembre 1813, naissance de Saverio FRISCIA

Le 11 novembre 1863, naissance de Paul SIGNAC

En-tête de ce numéro de novembre 1887

En novembre 1887, à Porto (Portugal), sortie de ce numéro progamme du journal " A Revolução Social" (La Révolution Sociale) Organe Communiste-Anarchiste. Au moins 13 numéros paraîtront jusqu'au 8 avril 1888.
Epigraphe : "De Chacun selon ses forces à chacun selon ses besoins" et "Liberté Egalité et Solidarité - Un pour tous et tous pour un". Numérisé ici.
Communiqué :
"Aos nossos amigos - Saude e Justiça
O grupo de operarios communistas-anarchistas, residentes no Porto (Portugal), ao dar a primeira manifestação publica, saudam os trabadores que em todo o mundo luctam pela Revolução Social.
Enviam-lhe um fraternal abraço de solidaridade.
Ao mesmo tempo protestam energicamente contra as auctoridades americanas, que sem respeito pela vida humana, assasinam os nossos amigos.
Tornando-se solidarios com os martyres d'uma sociedade justa, bradam tambem :
Abaixo o Estado - Viva a Revolução Social - Viva a Anarchia"

(À nos amis - Salut et Justice
Le groupe des travailleurs communistes-anarchistes, résidant à Porto (Portugal), lors de cette première manifestation publique, salue les travailleurs qui luttent partout dans le monde pour la Révolution Sociale.
Ils vous envoient une étreinte fraternelle de solidarité.
En même temps, ils protestent vigoureusement contre les autorités américaines qui, sans respect pour la vie humaine, assassinent nos amis.
Solidaires avec les martyrs pour une société juste, ils crient aussi:
A bas l'État - Vive la Révolution Sociale - Vive l'Anarchie)

Ce journal sera en partie poursuivi par le journal "A Revolta" à Lisbonne (12 mai 1889 - 11 novembre 1893). A ne pas confondre avec "A Revolução Social" publié en 1911 à Coimbra.

Le 11 novembre 1887, formation à Cittadella (Italie) de l'association agricole coopérative, qui prendra le nom de Colonie Cittadella, fondée par l'anarchiste Giovanni ROSSI (dit CARDIAS).

En-tête du numéro 9 du premier juillet 1891

Le 11 novembre 1890, à Chicago (USA), sortie du premier numéro du journal "Freedom" sous-titré "A revolutionary Communist-Anarchist Monthly" (Mensuel révolutionnaire Communiste-Anarchiste). Il est édité par Lucy E. Parsons. La date du premier numéro cette publication n'est pas due au hasard, c'est celle de l'anniversaire de l'exécution des martyrs de Chicago, et en premier lieu de son compagnon Albert R. Parsons en 1887. Parmi les collaborateurs du journal : John Artur Andrews, Lizzie M. Holmes, William T. Holmes et Johann Most.
Ce mensuel cessera de paraître en août 1892.
A noter que ce titre reparaîtra en 1910, en 1919 et en 1933.

En-tête du premier numéro

Le 11 novembre 1891, à Bilbao (Biscaye, Pays-Basque), sortie du premier numéro du journal "El Combate" Périodique anarchiste. Trois numéros sortiront, le dernier en date du 12 décembre 1891, le journal est ensuite suspendu pour raisons économiques. Collaboration de J.C. Campos et de Teresa Claramunt.
" Los trabajadores contra quienes se cometan abusos y atropellos deberan ponerlo en nuestro conocimiento los que haremos publicos para vergüenza de abusadores y atropella lores, siempre que, se garantice la veracidad del hecho debidamente." (Les travailleurs contre qui des abus et des violations sont commis doivent les porter à notre connaissance, nous les publierons pour la honte des exploiteurs et le renversement des (lords?), à condition que soit dûment garantie la véracité des faits).

En-tête de ce premier numéro

Le 11 novembre 1894, à La Plata (Argentine), sortie du premier numéro du journal communiste-anarchiste "La Lucha" (La Lutte). Se proclame le défenseur des ouvriers. Correspondance à adresser à J. Rojo. Seul ce numéro est connu.
Epigraphes : "Siendo la propriedad fruto de nuestro trabajo, la expropriacion es un derecho (para quedar en comun). - Condenados por esta sociedad mal organizada á ser explotados no explotadores, la Revolucion Social est una necesidad. (La propriété étant le fruit de notre travail, l'expropriation est un droit (et doit rester en commun) - Condamnés par cette société mal organisée à être exploités mais non des exploiteurs, la Révolution Sociale est une nécessité.)

En-tête de ce numéro

Le 11 novembre 1895, à Buenos-Aires (Argentine), sortie du premier numéro du journal "La Voz de Ravachol" (La Voix de Ravachol), Périodique communiste-anarchiste publié par F. Vazques. Le journal annonce "paraît quand il le peut", mais seul ce numéro est connu.
Epigraphe : "El único contrario del bienestar social es la propriedad. El único enemigo del obrero es el rico." (La seule opposition au bien-être social c'est la propriété. Le seul ennemi de l'ouvrier c'est le riche.)

En-tête du premier numéro

En-tête du journal en 1901( numéro 69, troisième année, 27 juillet 1901).

En-tête du journal en 1902 (n° 92 du 13 septembre 1902).

Le 11 novembre 1898, à Buenos-Aires (Argentine), sortie du premier numéro du périodique anarchiste "El Rebelde" (Le Rebelle). Ce journal publié d'abord par J. Mayorka, puis par M. Requera et ensuite par Juan Valls, sort quand il peut (Aparece cuando puede) et fait appel comme de nombreux journaux anarchistes argentins à la souscription volontaire.
Epigraphe : "La propiedad es un robo" (La propriété est un vol).
Ce journal sortira jusqu'en 1903. Ne pas confondre avec le journal anarchiste chilien portant ce titre qui sort à la même période.

En-tête du premier numéro daté du 11 novembre 1902

Le 11 novembre 1902, à Funchal (Ile de Madère, Portugal), sortie du premier numéro de "A Ideia" (L'Idée) Feuille du socialisme libertaire qui rend en ce jour un hommage aux martyrs de Chicago. Editée par Luiz A. Gouvêa, au moins quatre numéros sortiront jusqu'au 30 novembre 1902. Epigraphe : "Após tantos seculos de Ignorancia e Treva é justo que se faça Luz ! " (Après tant de siècles d'ignorance et d'obscurité, il est juste que la lumière soit faite!) .
Numérisé ici.
A noter un journal portant ce titre publié à Faro en 1916; un numéro unique pour le 1er Mai 1927, et une revue trimestrielle à Lisbonne en mai 1975.

Monument aux morts de Gentioux
"Maudite soit la Guerre"

Le 11 novembre 1918, la première barbarie mondiale s'achève enfin. Cette guerre qui a causé tant de malheurs, de souffrances et de destructions s'achève sans que la justice sociale ne s'impose au monde, ni que les fauteurs de guerre, hommes politiques, responsables militaires, industriels marchands d'armes, et profiteurs en tout genre ne soient inquiétés (bien plus encore, les futurs traités comme celui qui se tiendra à Versailles seront cause de ressentiments et prépareront les futures hécatombes et autres revanches).
Tous les villages de France vont bientôt se couvrir de monuments commémoratifs exaltant l'esprit guerrier, l'amour de la patrie, le sacrifice patriotique, et je ne sais encore quelles autres fadaises pour lesquelles tant de millions d'individus sont morts ou ont été meurtris.
Seuls quelques villages comprendront le vrai sens de la guerre et ne céderont pas au militarisme ambiant, ils oseront même afficher leur idéal pacifiste voire leur antimilitarisme, comme la sculpture de cet élève révolté brandissant le poing et désignant les paroles "Maudite soit la Guerre" gravées sur le monument aux morts de Gentioux (Creuse). Monument réalisé à l'initiative de Jules Coutaud, maire socialiste et ancien combattant de Gentioux. Monument inauguré en 1922, par les seuls élus locaux et la population, la préfecture ayant refusé d'être représentée. Il faudra attendre l'année 1985 pour une inauguration plus officielle.
Ce monument est devenu, au fil des manifestations pacifistes et libertaires qui s'y déroulent tous les ans, un symbole du pacifisme et du rejet de la guerre et du militarisme.

Le 11 novembre 1919, à Centralia (Washington), "l'American legion" attaque le siège de l'I.W.W. Une chasse à l'homme est lancée contre les bûcherons affiliés au syndicat, et se terminera par le lynchage de plusieurs travailleurs. Les autres seront condamnés à des peines de 25 à 40 ans de prison.

En-tête du ce numéro unique du 11 novembre 1921 (numérisé ici. )

Le 11 novembre 1921, à Piombino (Italie), sortie de ce numéro unique commémaratif "I Martiri di Chicago" (Les Martyrs de Chicago). Il est publié par le Groupe Anarchiste "Pensiero e Azione de Pimobino et consacré comme son nom l'indique aux anarchistes de Chicago éxécutés le 11 novembre 1887.
A noter qu'un autre journal portant ce titre sera publié par Armando Borghi et Tio Turroni en 1946 à Forlì.